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Isabelle Fagot (1961) domine depuis ses années d’études une large palette de techniques ancestrales d’artisanat.

Dessin libre, d’architecture ou publicitaire, eau forte, niellage sur armes et incrustation de bijoux, marquage de l'acier au marteau ou au burin pour lettrages en creux ou en relief et aussi la photographie, spécialité professionnelle partagée avec son mari.

Elle aime évoquer les diverses interventions que suppose la « fine mécanique et l’ornement d’armurerie » chères au pays de Liège.

 

À l’aube des années nonante, la création proprement artistique prend le pas sur les activités d’art appliqué.

Le travail d’ornementation des armes trouve ses limites. La conscience du phénomène des guerres de par le monde engendre chez Isabelle Fagot la nécessité d'en transcender –à sa manière- la funeste imagerie.

Elle troque ciseaux et stylets pour pinceaux, crayons et fusains.

 

Son inspiration ? Sans doute la trouve-t-elle dans des formes rappelant miradors, murs délabrés, échafaudages, ruines et barbelés, traitées visuellement en verticalité. A l’écouter, l’allure des tracés en blanc et noir n’épuise pas l'essence des significations.

Le dessin est en mesure d'atteindre à une vérité du monde que les apparences empêchent de saisir. Il importe surtout de mettre en place une relation vivante avec telle ou telle réalité, irréductible à sa forme visible.

L’artiste veut renvoyer au non-dit, soit le socle essentiel du référent.

Elle donne la parole à l’intime de son propre cœur. Il parle de la douleur éprouvée à la disparition d’un proche, de l’attente prégnante d’un monde meilleur toujours à venir, des rêves mais aussi des contingences du quotidien, des blessures d’un combat social…

 

Brisée, sinueuse ou nerveuse, souple ou raide, la ligne omniprésente est tracée à la plume. Reliquat de son travail antérieur, elle est au cœur d’une calligraphie volontiers minimaliste.

Les dessins s’inscrivent sur des fonds légers au lavis d’encre de Chine posés au rouleau. Scandés parfois en quadrillages saturés ils rappellent la partition d’une musique sérielle.

Ces ensembles se trouvent soudainement traversés par les accents libres, quasi-rageurs, de grattages à la pointe sèche.

Une procédure qu’elle module également en gravures monotypes rehaussées à l’encre de Chine sur des cellophanes rigides et de petit format.

 

L’artiste jongle avec les mediums, leur superposition ou le jeu de la réserve sur le support papier.

Elle affectionne l’acrylique dilué aux résultats imprévisibles dès l’instant où, via l’apport d’eau, elle atteint une transparence supérieure à celle de la peinture à l’huile.

 

Avec Isabelle Fagot la maturité du métier d’artisan est assumée clairement. Elle se  conjugue à une sensibilité créatrice de tous les instants. Elle trouve par là son épanouissement dans une œuvre artistique pleinement aboutie.

 

Michel Van Lierde                    juillet 2019

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